Le printemps est à nos portes, amenant avec lui le retour du beau temps, la promesse de longs après-midi tranquille sur les terrasses, les sorties en camping avec les enfants, le réveil de la nature… mais aussi, le retour des moustiques, des puces et depuis quelques années, des tiques potentiellement porteuses de la maladie de Lyme! À moins d’avoir passé les dernières années dans un abri anti-nucléaire souterrain ou en mission sur la planète Mars, vous avez déjà entendu parler de cette maladie! Mais, est-elle vraiment en augmentation et comment peu-ton protéger nos animaux contre cette maladie?
J’ai débuté comme médecin vétérinaire il y a seize ans (déjà!) et je dirais que dans mes dix premières années de pratique, je peux compter sur les doigts d’une seule main les tiques que j’ai retirées. Nous parlions de ce risque aux gens qui voyageait avec leur chien, principalement dans l’est des États Unis ou dans la région de Long Point en Ontario. La situation a bien changé, en grande partie due au réchauffement climatique, à nos animaux domestiques voyageant au sud de la frontière et aux oiseaux migrateurs ramenant les tiques au nord de celle-ci! L’an dernier uniquement, j’ai dû en extraire une trentaine à moi seul de la peau de mes patients et c’est aussi le cas de la plupart de mes collègues vétérinaires de la région. Il existe cependant plusieurs espèces de tiques et l’une d’entre elles semble principalement impliquée dans la transmission de la maladie de Lyme soit, la tique à pattes noires (ou Ixodes Scapularis pour les adeptes de latin). Toutes les tiques de cette espèce ne sont bien sûr pas infectées par la bactérie causant la maladie de Lyme et c’est tant mieux car les conséquences peuvent en être très graves. Pour coloniser son hôte, la tique se cache dans les herbes longues ou les arbustes car elle ne peut pas sauter, contrairement à la puce. Elle va donc tendre ses pattes et s’accrocher à son hôte lorsqu’il passe à proximité. Les tiques sont de « bonne fourchette », prenant seulement deux repas au cours de leur vie (trois ans environ) et absorbant en sang, plusieurs fois leur propre poids et ce, en l’espace de quelques jours seulement. La morsure de la tique est indolore car elle libère un savant mélange d’analgésique local et d’anticoagulant, lui permettant de se « goinfrer » sans que son hôte la détecte. La transmission de la bactérie causant la maladie de Lyme ne se fait qu’après 24 à 48 heures mais, les symptômes de la maladie se font sentir généralement de 2 à 5 mois après l’infection. Les chats ne semblent pas vraiment à risques mais, les chiens peuvent développer dans 10 à 15 % des cas, une boiterie inexpliquée, de l’enflure, de la fièvre, de l’anorexie et dans les pires cas, de graves problèmes rénaux qui peuvent devenir chronique. Les humains sont aussi sensibles à cette maladie mais, il n’y a toujours pas d’évidence de transmission directe entre les deux espèces à ce jour. Cependant, la tique de votre chien indique qu’il y en a d’autres dans le secteur qui pourraient être intéressés par vous!
Certaines mesures simples aident à diminuer les risques de votre environnement. Il est important de tondre votre gazon régulièrement et de le garder court (ceux qui me connaissent vont bien rire en lisant ceci!), d’éloigner les mangeoires à oiseaux de la maison et d’empêcher les animaux sauvages de trouver refuge sous le cabanon ou le patio. Une inspection journalière et minutieuse du pelage de votre chien s’impose aussi, particulièrement au retour d’une marche en forêt ou après une journée de camping-car, si la tique est retirée dans les premiers 24 à 48 heures, alors les risques de transmission de la maladie de Lyme sont pratiquement nuls. Pour les humains, il est recommandé de porter des vêtements longs, d’utiliser du DEET (mais pas sur vos animaux!) et d’inspecter les surfaces de peau exposées.
Si une tique est détectée sur votre animal, une visite chez votre vétérinaire s’impose afin qu’il retire la tique de façon efficace et sécuritaire car, la pièce buccale ne doit pas rester sous la peau. La tique sera ensuite envoyée au laboratoire de santé publique pour analyse afin de détecter si elle est porteuse ou non de la maladie de Lyme. Le traitement de la maladie est un peu controversé et variable selon les sources mais, votre vétérinaire saura vous conseiller à ce sujet. La vaccination pour les chiens à risques, bien que n’étant pas efficace à 100% mais surtout, l’utilisation préventive de produits acaricides fournis par votre vétérinaire, sont la base d’une bonne protection pour votre canin préféré.
Bonne saison printanière!
Dr Patrick Lambert m.v