Le temps des fêtes approche à grands pas! Le sapin est installé et décoré, la dinde est réservée et le magasinage va bon train, car c’est aussi, bien entendu, le temps des cadeaux pour nos êtres chers… Et si on achetait un petit chiot pour notre garçon? Ou encore un chat pour notre mère plus âgée? Saviez-vous que la période des fêtes représente une période importante d’adoption dans les refuges et les animaleries et que malheureusement, plusieurs animaux leur seront retournés dans les semaines suivantes? Il s’agit effectivement très souvent d’une « fausse » bonne idée d’offrir un animal en cadeau!

Loin de moi l’idée de vous décourager d’adopter un animal de compagnie. J’ai moi-même deux chats à la maison qui occupent une place importante dans notre vie familiale, et la maison nous semblerait bien vide sans la présence d’un animal dans notre environnement. Comme le dit le dicton anglais : « A place without an animal is a house, a place with an animal is a home » (un lieu où il n’y a pas d’animal se nomme une maison; un lieu où l’on retrouve un animal se nomme un foyer). Par contre, il doit s’agir d’une décision mûrement réfléchie, car plusieurs facteurs sont à prendre en considération avant d’adopter un animal de compagnie. Il y a aussi quelques mythes à déboulonner pour avoir une idée plus juste de ce que ce geste représente.

Tout d’abord, un animal ne constitue pas un cadeau, et ce n’est pas un meuble quelconque que l’on peut facilement retourner au magasin. Depuis décembre 2015, au Québec, l’animal a (enfin!) le statut d’être vivant et sensible et non plus celui de meuble. Une évidence, direz-vous, mais qui a pris plusieurs années avant de faire son chemin et de permettre aux lois de changer. La possession d’un animal implique une grande responsabilité. Il compte sur nous pour satisfaire ses besoins physiques et psychologiques de base et il faut en être conscient avant d’en ramener un à la maison. Il faut aussi se rappeler que l’adoption d’un animal s’avère un projet à long terme, pour la vie, en fait. Un chien ou un chat vit en moyenne entre 10 et 20 ans, il faut en tenir compte avant de prendre la décision de l’introduire dans la famille.

Commençons par clarifier certains mythes :
– Acheter un animal pour les enfants n’est pas toujours une bonne idée. Bien entendu, rien ne semble plus attendrissant qu’un enfant qui joue avec son compagnon à quatre pattes, mais il importe qu’il y ait un intérêt de sa part à la base. Comme les adultes, certains enfants sont naturellement attirés par les animaux, alors que d’autres s’y montrent plutôt indifférents. D’espérer que ce soit l’enfant qui s’occupe de nourrir, promener, nettoyer les litières… bref s’occuper de tous les soins de base de l’animal adopté relève aussi bien souvent de la fiction, comme plusieurs parents l’apprendront rapidement.
– Une autre idée «  douteuse  »  : s’acheter un chien (actif de préférence!) pour se remettre en forme et se forcer à marcher ou courir! Un peu comme si on achetait une bicyclette stationnaire, où souvent l’effet dure un mois
et les mauvaises habitudes reviennent au galop (enfin, c’est ce qu’on m’a rapporté…). Il est primordial que l’animal cadre bien avec nos habitudes de vie, et non d’essayer d’adapter notre rythme à l’arrivée d’un nouvel animal.
– Une autre mauvaise idée est d’offrir en cadeau « surprise » un animal de compagnie à un parent plus âgé pour le « désennuyer ». Je vous conseille fortement de valider l’intérêt de la personne avant, car un animal représente une grande responsabilité et celui-ci peut être une source de stress importante, particulièrement s’il est non désiré.

Voici donc quelques conseils pour bien réussir votre adoption, et vous assurer que l’ajout d’un animal s’harmonise bien à votre vie familiale :
– Souvent, l’adoption d’un animal constitue un coup de cœur; « Il était trop mignon dans son petit enclos! » L’adoption se fait donc uniquement sur des critères physiques sans tenir compte du caractère. Il s’agit souvent de la pire erreur, car un animal mal adapté à son milieu s’avère la plupart du temps un animal anxieux et malheureux.
Certaines races de chiens et de chats sont très actives et ont besoin d’énormément de stimulation, alors que d’autres s’adaptent à des endroits plus restreints et ont un mode de vie plus sédentaire. Votre vétérinaire ou votre
éleveur saura vous conseiller sur le choix d’un animal convenant à votre style de vie.
– Il est important entre autres de tenir compte des frais nécessaires à l’adoption d’un animal. Il y a bien sûr les frais à l’achat auprès d’un éleveur qui peuvent aller jusqu’à plusieurs centaines, voire plusieurs milliers de dollars selon la race et sa rareté, et selon les soins qui ont été effectués par l’éleveur avant l’achat (pose de micropuce, certifications de conformité, radiographies des hanches et des coudes pour certaines races, etc.). Il faut aussi prendre en considération certains frais vétérinaires de base, particulièrement la première année, comme les rappels de vaccins, la vermifugation, la stérilisation et la prévention des parasites externes. L’adoption d’animaux âgés ou malades peut également engendrer des frais conséquents selon leurs besoins pour certains soins particuliers. Selon le choix de l’animal et son mode de vie, on peut facilement compter entre 400 $ et 1500 $ de soins vétérinaires la première année pour un jeune animal en santé. Il existe aussi des assurances pour les animaux qui peuvent être très intéressantes pour les gens qui veulent s’éviter de mauvaises surprises.
– Il faut de plus choisir l’endroit d’adoption avec soin. Un chat ou un chien acheté auprès d’un éleveur qui connaît bien la race nous assure en général certains critères physiques et psychologiques connus et relativement stables de la race, même si certains individus peuvent présenter des exceptions. Souvent, une partie des soins de base a été effectuée et certaines garanties sont offertes à l’achat. Si la race convient à notre mode de vie, ceci peut constituer un excellent choix. Pour les gens ayant des budgets plus restreints, la SPCA ou les refuges peuvent aussi représenter un bon choix.

On effectue une bonne action en donnant une deuxième chance à un animal, et le montant demandé pour l’adoption se trouve très raisonnable. Fréquemment, les animaux y seront croisés, donc issus d’un mélange de plusieurs races, et bien souvent de provenance inconnue. Leur caractère peut être un peu plus une boîte à surprise, ne connaissant pas les antécédents, mais ils s’avèrent souvent plus résistants aux maladies génétiques et congénitales que leurs cousins dits « de race ». Je vous conseillerais de vous montrer très prudent en ce qui concerne les annonces sur internet, car on y trouve un peu de tout et n’importe quoi, y
compris des usines à chiots.

Je vous souhaite donc la meilleure des adoptions possible, car il s’agit d’un geste qui procure souvent un immense bonheur! Je vous souhaite aussi de joyeuses fêtes avec vos proches. Pour reprendre les mots de Jacques Brel  : «  Je vous souhaite des rêves à n’en plus finir et l’envie furieuse d’en réaliser quelques-uns / Je vous souhaite d’aimer ce qu’il faut aimer et d’oublier ce qu’il faut oublier / Je vous souhaite des passions, je vous souhaite des silences / Je vous souhaite des chants d’oiseaux au réveil et des rires d’enfants…» ainsi que des ronronnements de chat ou des aboiements de chien.

Joyeux Noël!
Dr Patrick Lambert m.v

* Article de la revue Animo etc décembre 2016

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