Le métier de vétérinaire est extrêmement passionnant et stimulant et je ne changerais de métier pour rien au monde. D’un autre côté, il n’est pas toujours facile et il comporte son lot de difficultés. La réalité est que nous sommes souvent un peu à la course au travail avec des rendez-vous en attente, des clients à rappeler et que nous mangeons souvent sur le pouce. Il implique aussi des heures atypiques les soirs et les week-ends et souvent des heures supplémentaires, ce qui complique la vie de famille. Il comporte aussi une bonne dose de stress, car nous avons des vies sous notre responsabilité à tous les jours. Il implique également de côtoyer la mort, car l’euthanasie est une des facettes de notre métier, et elle peut être difficile à apprivoiser pour certains.
Prendre la décision d’euthanasier notre compagnon des dernières années n’est jamais un choix facile pour un maître peu importe les circonstances. Parfois la décision se prend à la suite d’une longue maladie et elle a été mûrement réfléchie. Parfois au contraire, elle doit se prendre très rapidement après un changement soudain dans la santé de notre animal. Cela fait cependant partie de nos responsabilités de propriétaire de décider quand les souffrances de notre animal dépassent sa qualité de vie. L’euthanasie est un acte très important, sacré même, et il faut le considérer comme tel. Je ne parle pas au sens religieux du terme, mais je veux plutôt dire que chaque vie est sacrée, et que la décision n’est pas à prendre à la légère.
J’ai souvent entendu mes clients me dire : ‘’ Je voulais être vétérinaire, mais je n’aurais jamais pu faire des euthanasies’’. Effectivement, ce n’est pas toujours la partie la plus facile de notre travail, mais paradoxalement c’est parfois une des plus belle aussi. Rassurez-vous, ce n’est pas parce que j’ai un petit côté morbide, mais en latin euthanasie veut dire ‘‘belle mort’’, et c’est ce que nous essayons de donner à nos patients. Bien souvent, pour le propriétaire il s’agit de l’ultime cadeau qu’il peut offrir à son compagnon des dernières années. Pour le vétérinaire, l’euthanasie est bien souvent un moment de contact humain extrêmement privilégié avec nos clients que nous côtoyons parfois depuis de nombreuses années. La plupart pleurent dans ces derniers moments (et parfois le vet aussi!), certains y vont de confidences qui nous laissent entrevoir leur vie personnelle et nous permet de les connaître un peu mieux, d’autres ne disent rien, mais les regards échangés avec leurs animaux veulent tout dire, d’autres doivent quitter avant la fin ne se sentant pas capable de rester… Peu importe, c’est le moment pour nous d’arrêter, de prendre notre temps pour être vraiment PRÉSENT pour nos clients. Je voudrais d’ailleurs les remercier de m’avoir fait confiance pour poser cet acte d’amour ultime envers leurs animaux, d’avoir partagé avec moi leurs émotions et de m’avoir permis de vivre ce moment à leur côté. Ce n’est pas un geste facile à poser, mais c’est un des plus gratifiant et significatif de notre profession et je suis extrêmement reconnaissant d’avoir pu le partager avec vous.
Je voudrais terminer en rappelant que le deuil animalier est souvent sous-estimé. Pourtant, il est bien réel et peut être source de souffrance importante et même parfois s’accompagner d’un sentiment de culpabilité. Pour certaine personne qui n’ont jamais eue de lien privilégié avec un animal, ce lien spécial peut-être difficile à comprendre. Si vous ne vous sentez pas compris ou accompagné par vos proches, il existe des ressources qui se spécialise dans ce type d’intervention. Je me permets d’en ajouter une ici : Lynne Pion (www.deuilanimalier.com). A tous ceux qui ont perdu un animal qui a joué un rôle significatif dans leur vie, je vous souhaite mes plus sincères sympathies.
Dr Patrick Lambert, dmv
Clinique Vétérinaire Laennec